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Les néo-nazis du service d'ordre du FN

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Article de REFLEXes. (photos sur le site: http://reflexes.samizdat.net/spip.php?article493)

 

Depuis quelques jours, les organisateurs de la mobilisation contre la loi sur le « mariage pour tous » déclarent ne rien avoir en commun avec les « extrémistes » qui provoquent les affrontements avec la police en fin de manif, réclament l’intervention de Manuel Valls et des forces de l’ordre, et souhaitent carrément les envoyer en prison, comme l’a récemment déclaré sur Canal + leur égérie… pardon, leur porte-parole, Frigide Barjot.


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Et cela semble marcher tant bien que mal. La manif parisienne de dimanche dernier a été effectivement un peu plus « propre » que les précédentes. Il faut dire que le service d’ordre avait été passablement renforcé par du personnel professionnel provenant de deux sociétés de sécurité, et que les policiers en civil surveillaient tout particulièrement le lieu servant de rendez-vous pour les militants de Civitas, et par conséquent pour ceux du Gud, du RF et autres JN. Mais revenons un peu sur la nouvelle coqueluche des médias (en passe de supplanter Marine Le Pen, pourtant fort appréciée dans les rédactions) et son passage au Petit Journal de Canal + vendredi dernier. Frigide Barjot se plaint donc allègrement de la présence de « groupuscules identitaires » dans ses manifs, les désigne, les montre du doigt et réclame, tant qu’à y être, de les envoyer « en taule ». C’est la diffusion en tout début d’émission d’images de la fin de la manifestation du mardi 16 avril qui provoqua ces réactions. Madame Barjot nous montre à son tour sur son portable la même scène, mais prise dès le début. On y voit un responsable de la manif appeler à la dissolution, et se faire insulter par un solide gaillard. Le ton monte rapidement entre le SO et l’effronté accompagné de quelques amis, qui en viennent aux mains avec le SO, tout en insultant au passage les journalistes. Cela pourrait être une scène classique de manif, celle d’un SO officiel au prise avec des jeunes gens un peu plus énervés ou des militants plus radicaux (que celui qui n’a jamais jeté une pierre nous jette la première !), sauf que dans le cas présent, les jeunes gens énervés ne sont plus si jeunes que cela, puisque l’agitateur de fin de manif n’est autre qu’Axel Loustau, un ancien du Gud. On aurait dû (ou pu) s’en douter : là où il y a de l’agitation, il y a du « gudard » !

 

Tout chef d’entreprise qu’il est devenu, il semble avoir du mal à rompre avec sa jeunesse [1] . Ayant déjà beaucoup écrit sur le monsieur et ses amis, au premier plan desquels Frédéric Chatillon, nous nous contenterons ici de revenir sur ces deux ou trois dernières années…

 

Après Chatillon, un autre « prestataire de service » du FN ?

Bien qu’aimant la discrétion, Axel Loustau refait parler de lui dès 2009. C’est Le Canard Enchainé qui s’étonne de voir sa société Vendôme assurer la sécurité d’un colloque en présence de Nicolas Sarkozy à l’Ecole Militaire, alors que selon le palmipède « la famille Loustau a, aux RG, une fiche épaisse comme le Bottin » (Le Canard Enchainé du 18 mars 2009). L’année suivante, c’est le groupe des Verts à la Mairie de Paris qui dénonce l’attribution de la sécurité du 104 (haut lieu de la bobo-attitude parisienne) à Vendôme, et là encore la presse ressort les liens entre Vendôme, Loustau, le Gud et le FN [2] (Le Parisien du 19 juillet 2010). D’ailleurs, un an plus tard, en novembre 2011, la sécurité autour de ce lieu posa problème lorsque les catholiques intégristes de Civitas sont venus perturber la pièce de Romeo Castellucci Sur le concept du visage du fils de Dieu. Ne pouvant être au four et au moulin, certains employés de Vendôme ont dû choisir entre protéger le site et soutenir leurs camarades intégristes ! 2011 fut par ailleurs vraiment une mauvaise année pour lui, entre un contrôle fiscal, l’inspection du travail et même la Halde qui s’y met… Pas toujours facile de cumuler activités professionnelles et activisme politique !

 

 

Enfin, en 2012, c’est le retour aux affaires. Marine Le Pen a repris en main le FN, et il semblerait qu’il y ait moyen de bien, et même très bien, s’entendre avec elle. N’étant pas plus adhérent au FN que ne l’est son ami Chatillon, c’est très certainement en tant que prestataire de service (toujours dans le domaine de la sécurité) qu’on le voit au plus près de Marine Le Pen lors du Premier mai. Cela ne nous avait guère surpris à l’époque, les débordements récurrents du DPS (service d’ordre historique du Front) ne correspondant plus du tout à la stratégie de dédiabolisation engagée par MLP : il nous était apparu évident que, tout comme elle avait confié sa communication à un prestataire de service (Frédéric Chatillon, et sa société Riwal), elle allait s’adresser à une société de sécurité pour ses manifestations de grandes ampleurs, et pour cela il n’y avait pas à chercher bien loin, car c’est le métier de notre ami Loustau. C’est très certainement à ce titre qu’on le voit participer à la protection rapprochée du cortège de tête. En effet, comme le montre les photos suivantes, le « prestataire de service » A. Loustau se trouve au cœur du dispositif de protection de la candidate Marine Le Pen, évoluant sereinement entre les membres du DPS et ceux du SPHP (Service de Protection des Hautes Personnalités, anciennement dénommé VO, Voyages Officiels) présents pour assurer la sécurité de Marine Le Pen durant la campagne présidentielle (comme c’est le cas pour tous les candidats, disons un tant soit peu sérieux).

 

 

Quelques jours plus tard, le 13 mai, c’est en marge du défilé du « Comité du 9 mai » organisé par Serge Ayoub, que nous le croisons, donnant l’accolade à Edouard Klein, responsable du Gud du moment, et accessoirement fils d’une vielle amie du couple Chatillon-Loustau…

À moins qu’il ne soit venu saluer un collègue, Daniel Mack, qui, quinze jours auparavant, assurait lui aussi la protection de Marine Le Pen (juste devant le père et la fille) : mais ce jour-là, il défilait fièrement sous les couleurs des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR) de Serge Ayoub, alias Batskin…

 

Mack réussit l’exploit d’être à la fois membre du DPS et des JNR, dont la devise est « Croire Combattre Obéir » : mais dans ce cas là, qui croire ? Qui combattre ? les skins dont Marine Le Pen ne veut plus ? C’est-à-dire ceux-là même que Daniel Mack va encadrer 15 jours plus tard ! Et surtout, pour le soldat Mack, à qui obéir ? C’est la question qu’il se pose peut-être avec son « grand » ami Olivier, qui lui aussi jongle entre ses prestations pour le Front national et ses apparitions au sein des JNR. Les voici tous les deux côte à côte dans la manif du Premier mai, puis en compagnie de Gilles Dussauge [3], historique bras droit de Serge Ayoub, ou encore en porte-drapeau des JNR à ce même « 9 mai »…

À première vue ,les problèmes que soulèvent le cumul des mandats ne se posent pas qu’aux élu(e)s !!

 

Quand il y en a plus, il y en a encore !

Pour en revenir, et en finir, avec Axel Loustau, on peut noter qu’il n’était pas venu tout seul faire de l’agit-prop’ autour de la « Manif pour Tous » puisque dès le début de l’altercation, nous voyons Lancelot Galley et Albéric d’Herbais venir l’épauler :

 

Albéric d’Herbais [4] a l’honneur d’être à la fois le beau-frère de Chatillon, puisque frère de Marie d’Herbais [5], et d’avoir été l’employé de Loustau jusqu’en septembre dernier (il était responsable de la sécurité de sites Microsoft pour la société Vendôme). Quant à Lancelot (si ! si ! c’est son vrai prénom !), s’il n’est pas vraiment de la même génération, il a réussi à faire sa place dans le petit monde des « anciens du Gud ». Il est devenu notamment chef de projet chez Cigales Médias [6], montrant là une fois encore à quel point ce petit milieu fonctionne en réseau très fermé, tout en restant dans le giron du FN [7] .

Tout récemment, Marine Le Pen, après la diffusion de photos de sa nièce montrée en fort mauvaise compagnie [8], a déclaré qu’elle remerciait « les balances » qui l’aidaient à faire le ménage dans son parti tout nouveau tout propre. On lui rétorquera tout simplement : « Marine, paye ta cotise ! ».

 

[1] En parlant de jeunesse, on tient à remercier ici Corentin Denis, réalisateur du documentaire Léon Degrelle, la führer de vivre et ancien du GUD des années 1990 pour ces images émouvantes d’un tout jeune Axel Loustau se faisant dédicacer un ouvrage par un de ses héros, au son de « mon Général, c’est un très grand honneur » :

[2] rappelant entre autre que Loustau a été un candidat FN, notamment aux législatives de 1997 dans les Hauts-de-Seine.

[3] Gilles Dussauge (le fameux « Grand Gilles ») était déjà très proche de Serge Ayoub, du temps où celui-ci se faisait appeler Batskin, il sera lui aussi inquiété et interrogé lors du procès de Régis Kerhuel

[4] Avant de travailler dans la sécurité, Albéric d’Herbais louait de pauvres roulottes sur l’ex-propriété familiale du château d’Alincourt à des gens du voyage, qui voulaient le traîner en justice pour escroquerie, en raison de l’absence de permis de construire. Cf. Courrier Picard du mercredi 4 mars 2009

[5] Cette dernière, après des années de bons et loyaux services au sein du Front, annonça en février dernier sur son compte Facebook ne plus se reconnaitre en « tant que Natio au Front National », égratignant au passage le « Philippot de Merde » (lu sur le site du Parti de la France Bretagne de Jean-Marie Lebreau, qui doit bien doucement ricaner, lui qui a passé 17 ans comme DPS au Paquebot !). Last but not least, 2 jours plus tard c’est la LDJ qui enfonce le clou en mettant en ligne une autre de ses déclarations « L’Islam est un Instrument de la Juiverie Internationale. Point Final ! », tout en rappelant sa proximité avec Marine Le Pen. Sans surprise elle a perdu son poste au FN dans les jours qui suivront. Encore une victime de la « doctrine Philippot » ?

[6] Société de régie publicitaire pour les commerçants et propriété de la société Taliesin de Philippe Peninque, devenu grâce à l’affaire Cahuzac une véritable vedette.

[7] Autre exemple de proximité : dans un article en 2004, nous parlions d’une SARL de presse, les éditions Objectif France, montée par quatre jeunes cadres du FN, parmi lesquels figuraient Thomas Lagagne (un très proche de Loustau et Chatillon) qui est devenu cadre chez Vendôme (chargé des Ressources Humaines) et un certain ... Louis Alliot, qui a mené depuis la carrière qu’on lui connait au sein du FN et qui est devenu le compagnon de Marine Le Pen.

[8] Cette diffusion vaudrait à elle seule un article tant elle est représentative d’une certaine presse et de ses méthodes. En février, REFLEXes publie un article où sont moqués certains fiers guerriers du Gud reconvertis aujourd’hui dans le dandysme frontiste. Le Point reprendra infos et photos sans citer la source, et surtout en modifiera profondément le sens, sous-entendant qu’un FN débarrassé des ses éléments les plus voyants deviendrait un parti tout à fait acceptable !


Contre la venue de Le Pen à Limoges le 18 mai

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Appel des Redskins Limoges pour l’organisation d’un rassemblement contre la venue de Marine Le Pen.

Considérant que la situation actuelle favorise la montée de l’extrême droite sous toutes ses formes, tant en France que dans toute l’Europe, il nous apparait nécessaire de ne pas laisser l’espace public à la libre disposition des nervis fascistes (du Front National ou d’ailleurs).

Dans ce but, nous appelons à un large rassemblement le samedi 18 mai à 10h00 place de la république à Limoges afin de rappeler que les fascistes ne sont nulle part chez eux, ni en Limousin, terre de Résistance, ni ailleurs.

Collectif des Redskins Limoges

 

Signataires de l'appel : Confédération Générale du Travail Haute-Vienne (CGT87) ; Union Locale Confédération Nationale du Travail 87 (CNT87) ; Jeunes communistes Haute-Vienne (JC87) ; Union Prolétaire Antifasciste Creusoise (UPAC) ; Comité Syndicaliste Révolutionnaire 87 (CSR87) ; SOS RACISME Haute-Vienne ; Le Torchon Brûle Attisons-le ; Parti Communiste Français Haute-Vienne (PCF87) ; les Jeunes Ecologistes du Limousin ; Organisation Communiste Marxiste-Leniniste Voie Prolétarienne (OCML-VP),...

 

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Réponse ouverte à l'article du Populaire du Centre

Conférence d'O. Wierviorka sur la Résistance

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Musée de la Résistance - Espace C.I.T.E. (auditorium) – Rue de la Providence à Limoges – Jeudi 30 mai 2013 – 19h30

Entrée libre et gratuite. Renseignements : 05 55 45 84 44.

A l’invitation de la Ville de Limoges et du musée de la Résistance, Olivier Wieviorka, historien de renommée internationale, animera une conférence sur la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale à l’occasion de la sortie de son nouvel ouvrage sur le sujet : « Histoire de la Résistance - 1940-1945 » (éditions Perrin, janvier 2013). Une séance de dédicace aura lieu à l'issue de la conférence. Son nouveau livre sera en vente à l'accueil du musée.

Membre de l’Institut universitaire de France et professeur des Universités à l’Ecole normale supérieure de Cachan, Olivier Wieviorka est un spécialiste reconnu de la Résistance et de la Seconde Guerre mondiale, auxquelles il a consacré plusieurs livres dont une Histoire du Débarquement qui fait autorité et Une certaine idée de la Résistance. Défense de la France : 1940-1949. Il est également l’auteur, avec l’historien Pascal Plas, du programme scientifique élaboré pour le nouveau musée de la Résistance de Limoges inauguré en janvier 2012.

 

Parce qu'elle repose sur l'engagement et se construit sur le secret, la Résistance reste à la fois un mystère et un enjeu de polémiques partisanes. Amorcée dès juin 1940, elle parvint à s'unir à l'ombre de la croix de Lorraine, grâce aux patients efforts de Jean Moulin, tout en affirmant son indiscutable pluralisme. Elle resta néanmoins de bout en bout minoritaire, se préoccupa peu du sort des juifs et joua un rôle limité sur le plan militaire. Son apport politique fut en revanche immense : la Résistance évita à la France les affres de la guerre civile et favorisa, à la Libération, une transition pacifique du pouvoir au profit d'une Résistance regroupée derrière l'altière figure du général de Gaulle. Ce livre aborde sans tabous l'ensemble de ses enjeux, de la formation des premiers réseaux au couronnement de 1944. Il ne dissimule ni les conflits, ni les ambitions qui animèrent les promoteurs de l'armée des ombres, du rôle de la presse clandestine à l'efficacité des réseaux, de la répression allemande aux motifs de l'engagement, des idées politiques de la Résistance à sa mémoire dans la France contemporaine. Pour la première fois, un ouvrage à la fois complet et accessible, synthétique et vivant, offre une vision globale sur un phénomène majeur qui reste curieusement méconnu malgré le rôle que la Résistance a joué dans l'histoire et la mémoire nationales.

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L'extrême droite tue ! Clément Méric Présent ! Rassemblement !

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Le 24 avril 2010, était organisé à Limoges un rassemblement à la mémoire des antifascistes assassinés partout dans le monde… Nous dressions alors une longue liste de noms, militants assassinés en Russie, en Allemagne, en Italie, en Espagne… Aujourd’hui, nous devons rajouter à cette sinistre énumération Clément Méric, jeune syndicaliste et militant antifasciste, battu à mort par des membres de l'extrême droite radicale ce mercredi 5 juin 2013 à Paris, alors qu'il sortait d'un magasin de vêtements, près de la gare Saint-Lazare à Paris. Il est décédé des suites de ses blessures, dans la nuit, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Toutes nos pensées vont à sa famille, à ses proches, et camarades auxquels nous exprimons toute notre solidarité.

Les Redskins Limoges appellent à un rassemblement à sa mémoire et pour rappeler que l’extrême-droite est un danger quotidien le samedi 8 juin 2013 à 17h30 place de la Motte.

L’EXTREME-DROITE TUE !

LE MEILLEUR HOMMAGE C’EST CONTINUER LE COMBAT !  

 

NI OUBLI, NI PARDON !

 

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Communiqué des Redskins Limoges, manif du 8 juin

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Communiqué de presse des Redskins Limoges

Manifestation à la mémoire de Clément, samedi 8 juin

 

Le samedi 8 juin à partir de 17h30, près de 600 personnes se sont rassemblées place de la Motte à l’appel des Redskins Limoges pour honorer la mémoire de notre camarade Clément. Après un discours et une minute de silence, le Chant des Partisans a été chanté par les manifestants. La manifestation s’est déroulée dans le calme et la dignité. Nous remercions tou-te-s les militants des organisations politiques, syndicales et associatives, et tou-te-s les anonymes, de s’être joint-e-s à nous en ce jour de deuil.

 

Le mercredi 5 juin en fin de journée, Clément Méric, 18 ans, s’est éteint. Une famille pleure son enfant disparu ; et une famille antifasciste pleure son jeune camarade. Arrivé de Brest à Paris en Septembre 2012 pour des études à Sciences Po en tant qu’étudiant boursier, il aimait le reggae et faisait partager sa musique lors de sound-systems qu’il organisait… Bien que jeune, Clément est mort parce qu’il était militant syndicaliste à SUD étudiant, endurci par son implication lors des luttes lycéennes. Parce qu’il était militant antifasciste, membre de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue, enrichi par une expérience de lutte sur le terrain contre la montée de l‘extrême droite. Parce qu’il était de toutes les luttes contre les idées racistes, xénophobes, homophobes, sexistes, spécistes, réactionnaires, et qu’il était identifié comme tel par les nervis de toute l’extrême-droite dans ce qu’elle a de plus nauséabonde.

 

Clément se relevait tout juste d'un combat contre la leucémie, qui l'avait durablement affaibli. Son courage contre la maladie n'avait d'égal que sa détermination contre le fascisme. 

 

La montée actuelle de l'extrême droite, dont Clément avait conscience, est une réalité et n'est absolument pas fantasmée. Comme dans plusieurs pays européens (Grèce, Russie, Italie, Angleterre, Hongrie), les partis de droite et d'extrême droite institutionnels ont ouvert la voie, à travers leurs discours et leurs actions, à une banalisation accrue des violences racistes, homophobes, sexistes et politiques. Clément a payé de sa vie, mercredi soir, son refus de ces dérives et de ces exactions. 

 

 

Nous nous sommes rassemblés samedi pour honorer sa mémoire, honorer ses idées, honorer ses combats qui sont les nôtres. Clément Méric rejoint la funeste liste de nos camarades antifascistes assassinés à travers le monde par la peste brune auxquels nous pensons aussi aujourd’hui. Le meilleur hommage c’est continuer le combat. Ni oubli ni pardon devant les assassinats.clement-copie-1.jpg

"Sang mêlé", du Rap conscient limougeaud

Les "Groupes de Défense Antifascistes" (1926-1928)

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L’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) est une association de gauche, créée en 1917 (réunissant dans l’entre-deux-guerres des militants socialistes de la SFIO, mais surtout communistes du PCF et syndicalistes de la CGT-U, anciens combattants).

Ce qui va le plus nous intéresser ici c’est la période autour de 1926, quand l’ARAC lance le 19 mai les « Groupes de Défense Antifasciste » (GDA) en même temps que son corollaire les « Jeunes Gardes Antifascistes » (JGA) sont fondées par les Jeunes Communistes au sein de l’ARAC. Le contexte s’y prête, il y a de la tension dans l’air depuis quelques années. Le Faisceau de Georges Valois se crée en novembre 1925,  son unité paramilitaire « faisceau des combattants » qui regroupe alors 5000 membres connait un développement rapide et atteint 60 000 membres fin 1926, ce qui inquiète la gauche et les syndicats. Des piquets de grève, des meetings de gauche et syndicaux se font attaquer par des nervis d’extrême-droite, l’agitation des jeunesses patriotes et des camelots du roi est à son apogée. Les syndicalistes révolutionnaires ripostent et appliquent les consignes de l’Internationale Syndicale Rouge (ISR) qui consistent à « préparer la confrontation physique avec le fascisme »,  « assurer l’autodéfense ouvrière » et « prendre possession de la rue » (résolutions du 4ème congrès). En réponse donc aux exactions fascistes, des meetings d’extrême-droite se font attaquer un peu partout comme à Epinal le 21 novembre 1925, à Loche le 5 décembre et à Saint-Etienne le 7 février 1926.

C’est dans ce contexte, avec la prise de conscience de la montée du fascisme et de sa violence politique, et dans le souci de répondre à l’appel de l’ISR et de l’Internationale Communiste (dont les consignes sont données dès septembre 1924) que l’ARAC, forte de 20 000 anciens combattants, se dote d’une structure paramilitaire de lutte contre l’extrême droite : les Groupes de Défense Antifasciste. Ils font leur première apparition et présentation fin mai 1926, salle Huygens, devant une tribune où siège Jacques Duclos. La présence dans la salle d’un représentant du Rotfrontkampferbund (« Front de Combat Rouge », troupes paramilitaires lancées par le Parti Communiste Allemand) est également à remarquer. Une centaine d’hommes alignés militairement, vêtus de vestes bleus ou blousons de toiles vert kaki avec béret noir orné de l’insigne de l’ARAC prennent place. Très vite ils se font remarquer dans des manifestations comme celle du souvenir de la Commune où ils défilent à près d’une centaine en rang devant le Mur des Fédérés et font de même quelques jours plus tard au cimetière Montparnasse. L’organisation annonce 1500 membres GDA en région parisienne. Georges Beaugrand, militant syndicaliste révolutionnaire et communiste, ancien responsable du CSR des abattoirs de la Seine, devient d’ailleurs responsable de la lutte militaire ARAC-GDA dans la région. On estime à près de 5000 les activistes GDA en 1927.

Beaugrand1

Si les GDA et l’ARAC affichent clairement leur proximité avec le Parti Communiste, Jacques Duclos (alors dirigeant de l’ARAC avec son frère) entend bien rallier toutes les bonnes volontés antifascistes venant du syndicalisme de classe et du parti socialiste. Il faut bien comprendre qu’en 1926, il ne s’agit pas encore de la dérive à la fois social-démocrate et gauchiste du PCF des années 34-36 avec la constitution des « fronts populaires » et alliances républicaines. Le PCF est encore fortement marqué par l’héritage syndicaliste révolutionnaire, la grande majorité des dirigeants et figures militantes sont issues des Comités Syndicalistes Révolutionnaires (créés dans les années 1920-21), et la stratégie du front unique antifasciste et de classe est encore de rigueur. Jacques Duclos l’explique d’ailleurs lors d’un discours au meeting de l’ARAC à Paris le 5 janvier 1926 : « c’est dans l’union de tous les antifascistes au sein de l’ARAC, dont les ouvriers et les paysans révolutionnaires constituent l’ossature, que peut se poursuivre notre bataille contre le fascisme ».

Les dirigeants GDA de l’association ARAC assument à ce moment la filiation entre « anciens combattants » et structure militaire de lutte contre l’extrême droite. Même s’il n’est pas forcément nécessaire d’être ancien combattant pour adhérer aux GDA, il s’agit néanmoins de remobiliser ces anciens combattants, encore dans un cadre militaire, mais cette fois au profit de la lutte du prolétariat contre la réaction fasciste, de protéger les institutions de la classe ouvrière (locaux syndicaux, coopératives, Bourses du Travail, Maisons du peuple etc…) et les manifestations du mouvement ouvrier. D’après un rapport de police sur le discours du dirigeant GDA Desphelippon, ce dernier déclare : « Il existe à l’ARAC une discipline militaire qui doit être maintenue pour faire la révolution, 100 hommes organisés en valent 500 non-organisés ». Ce n’est pas sans rappeler l’exemple des Arditi del Popolo, scission antifasciste des associations « Arditi » (anciens combattants et troupes de choc de l’armée italienne pendant la première guerre mondiale) qui cinq ans auparavant menèrent la vie dure aux fascistes mussoliniens. Des anciens combattants qui s’arment de nouveau, mais cette fois, pour la défense de la classe ouvrière, pour le socialisme et contre le fascisme, voilà qui a de quoi faire grincer des dents… ce qui amènera Albert Sarraut, ministre de l’intérieur de l’époque, à prononcer la fameuse phrase : « le communisme… voilà l’ennemi ! ».

L’action des GDA n’est pas pour autant aussi significative et efficace que leurs prédécesseurs Arditi ou que le RotFront. Ils font leur première action à Reims à l’occasion d’un rassemblement du Faisceau le 27 juin 1926. Les 9000 membres du Faisceau présents sont vus comme la tentative d’une marche sur Paris, à l’image de la marche fasciste sur Rome en 1922. Une contre-manifestation communiste réunissant 4000 personnes s’affronte aux fascistes. Des GDA sont venus de Paris pour participer à la démonstration, et leur rôle de sécurité des manifestants au moment de l’affrontement est crucial. Duclos parle de cet évènement comme d’une victoire. En septembre 1926, les GDA assurent la protection d’un meeting antifasciste à Montreuil. En décembre, ils assurent le service d’ordre d’un meeting du comité de défense des victimes du fascisme et de la terreur blanche à la Grange-aux-Belles (maison des syndicats).

Le problème numérique va très vite se poser en raison de l’incapacité à devenir une organisation de masse, et les GDA vont n’avoir que deux années d’apogée (1926-1927). Plusieurs facteurs expliquent ceci. Premièrement, le gouvernement Poincaré mène une certaine « vigilance républicaine » contre la menace montante d’extrême droite, ce qui amène certaines organisations politiques de gauche (parti socialiste-SFIO et radicaux) à adoucir leurs craintes et à ne pas envisager l’adhésion à une auto-défense armée comme les GDA. Deuxièmement, le Faisceau de Valois n’est qu’éphémère, les divergences internes trop grandes concernant la ligne du Faisceau provoquent une disparition aussi rapide que sa constitution. Dans le même temps, les Jeunesses Patriotes cessent leur activisme forcené. Troisièmement, le PCF et la CGT-U (et une frange des libertaires) sont les deux seules organisations qui semblent conscientes de la nécessité d’user de la force contre la montée du fascisme à ce moment-là. Les socialistes SFIO, les radicaux, et la CGT rejettent la proposition de Front Unique de défense antifasciste du PCF et de la CGT-U à Belfort en 1926.

 

Les GDA disparaissent fin 1927, lorsque la direction du PCF (sous la pression de Moscou) décide de créer le « Front Rouge », une nouvelle organisation paramilitaire détachée de la tutelle de l’ARAC et entièrement aux mains du parti, détruisant ainsi le projet de Front Unique. Les quelques GDA restant en 1928 se fondent dans le Front Rouge, mais ce dernier n’aura qu’une existence précaire d’un an, laissant place à l’Organisation des Groupes d’Autodéfense interne au PCF, qui réussira à mener avec les TPPS-SFIO de Marceau Pivert des actions radicales dans la rue contre les fascistes.


Contre le metal nazi, le "Red and Anarchist Black Metal" !

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Kristian Vikernes, dit "Varg" ("Loup"), un néo-nazi norvégien adèpte d'une religion néo-païenne nordique liée au culte de Odin a été arrêté le 16 juillet en Corrèze, à Salon-La-Tour, suspecté de préparer "un massacre". Des explosifs et des armes sont retrouvés chez lui. Connu pour ses idées et ses agissements, il venait d'être libéré en 2009 en Norvège après le meurtre de son "mentor" qui lui vallu 21 ans d'emprisonnements. Marié à une française et père de 3 enfants, il est venu s'installer dans notre région boisée où il appella alors tous les néo-nazi païens à venir le rejoindre. Appel qui ne fut pas suivi. En 2011 il appel également les français à voter Marine Le Pen et le Front National. Ancien chanteur de Burzum et membre de Mayhem, l'affaire Virkenes permet de reparler du National-Socialist Black Metal (NSBM) qui est maintenant connu du grand public suite à la médiatisation de l'arrestation.

Un ancien article sur Reflexe avait été fait sur ce mouvement: http://reflexes.samizdat.net/spip.php?article228

Notre article arrivant un peu tard dans l'affaire Vikernes a pour but de faire connaitre le "Red and Anarchist Black Metal" avec un site regroupant les groupes de metal se revendiquant communistes, anarchistes, éco-libertaires et pour certain un paganisme anti-nazi et antiraciste, contre le NSBM. En effet, il est important de montrer et de diffuser que le black metal et que les adeptes de religions néo-païennes nordiques ou autres, ne sont pas forcément des neo-nazis nostalgiques, bien au contraire. Le NSBM ne fut qu'une branche minoritaire et affinitaire du Black Metal, et le racisme au sein du paganisme n'est qu'une dérive abérrante !

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Support the RABM "Red and Anarchist Black Metal" !

http://r-a-b-m.blogspot.fr/

Les Jeunes Gardes Socialistes (1930-1935)

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Au début des années 30, les JGS en Belgique forment l'équivalent (sur la ligne politique) en France des TPPS et de la tendance Gauche Révolutionnaire au sein de la Section Française de l'Internationale Ouvrière menée par Marceau Pivert. Il y eu également à cette période des JGS en France, avec les mêmes techniques de combats sous les conseils de Serge Tchakhotine, mais ils ont surtout été des troupes de réserves pour les TPPS lors d'actions de terrain contre le fascisme, et leur rayonnement ne dépassa pas l'ile de France.

 

Alain Colignon, licencié d'histoire et auteur de différents travaux sur l'extrême droite, a étudié les Jeunes Gardes Socialistes en Belgique, cette tendance jeune révolutionnaire et antifasciste au sein du réformiste Parti Ouvrier Belge (l'équivalent du PS-SFIO en France à cette époque) et livre une étude de 44 pages bien documentées à leur sujet « Les Jeunes Gardes Socialistes, ou la quête du Graal révolutionnaire (1930-1935) » dont nous reproduisons ici le chapitre 4 « Un peuple Jeune Garde, un style Jeune Garde, un Etat Jeune Garde ? ».

 

(Le texte en entier:)

http://www.cegesoma.be/docs/media/chtp_beg/chtp_08/chtp8_007_colignon.pdf

 

 

La croissance du « peuple JGS » prit de l’ampleur tandis que s’ankylosait l’appareil économique et que s’allongeaient les files de chômeurs 66. Durant l’année 1931-1932, le nombre total des sans-emploi s’éleva de 207.378 à 318.680 unités. En 1932 et de manière simultanée, la poussée ascensionnelle que connaissait le mouvement parut tourner au raz-de-marée. De semaine en semaine, les inscriptions se multiplièrent. Lorsqu’il inaugura le congrès annuel tenu à Gand les 29 et 30 octobre 1932, le secrétaire national Godefroid put faire de son rapport moral un bulletin de victoire . A cette date en effet, 13.900 affiliés étaient recensés.

 

La création de sections s’était intensifiée au Borinage, dans le Pays noir ainsi qu’à Bruxelles, qui jusque-là était resté un peu à la traîne. Le recrutement piétinait encore dans le Namurois ainsi que dans l’arrondissement de Dinant-Philippeville, où on ne trouvait que 122 JGS pour 10.099 affiliés au POB. C’était dans la région liégeoise que le bond en avant se révélait le plus spectaculaire puisque de 900 en 1931, le nombre de Jeunes Gardes était passé à 2.000 à l’automne 1932 et à 5.000 en 1934. C’était très bien et l’on pouvait espérer faire mieux dans la mesure où la fédération liégeoise du Parti possédait 70.412 membres… .

 

 

 

Un léger nuage ternissait toutefois ces riantes perspectives. La progression en Flandre, réelle, ne parvenait pas à déborder les terres de vieille implantation socialiste. Le plat pays eut beau doubler sur le papier le nombre des groupes JGS et ajouter encore en 1933 quelque 1.700 adhérents aux 1.200 de 1932, cela ne donnait toujours qu’un capital humain inférieur à celui que l’on pouvait comptabiliser aux heures fastes de 1923.

 

Malgré ces légers mécomptes, l’augmentation ne connut aucun essoufflement en 1933 grâce aux nouveaux apports du côté wallon. La communauté Jeune Garde se flattait alors d’aligner 25.000 adhérents et se disait assurée d’en regrouper bientôt 30.000, voire davantage. C’était une communauté prospère qui avait profondément modifié sa façon de se présenter, et qui, grandissant par le nombre, avait vu grandir pareillement ses ambitions.

 

jeune garde socialiste

 

Changement de style d’abord. Tout avait débuté au mois d’août 1931. Jusque-là, en bon fils du rationalisme et du positivisme, le socialisme belge avait fait usage avec une certaine modération de la symbolique politique même si son émergence en tant que formation de masse s’était accompagnée de techniques de propagande plus élaborées que celles de ses rivaux. Elles pouvaient sembler encore bien rudimentaires en 1930 par rapport à ce qui se faisait déjà à l’étranger. Ceux qui se réclamaient de ses idéaux se satisfaisaient en brandissant le drapeau rouge et en occupant l’espace public à la date du 1er mai. L’Internationale était certes chantée « religieusement » et les « grands hommes » se voyaient célébrés non moins « pieusement », mais ses chefs n’avaient pas estimé pour autant devoir procéder à des tentatives de liturgisation de la vie publique.

 

 

 

A l’instar des aînés, la Jeune Garde exhibait lors des manifestations drapeaux et brassards rouges, tout en arborant comme il se devait son insigne au fusil brisé. Cela n’allait guère au delà. Avec l’apparition du Parti communiste, la musique aurait pu être différente puisque celui-ci, après les tâtonnements d’usage, eut tendance à accentuer l’aspect ‘prolétarien’ de son image. Le nouveau venu, tenu par le POB pour un “briseur de l’unité ouvrière”, était toutefois trop maigriot pour flatter l’imagination de l’appareil socialiste. Le déclic essentiel vint d’outre-Rhin, de la social-démocratie allemande pour être précis. En août 1931, une délégation JGS s’était déplacée à Francfort-sur-le-Main pour assister à un rassemblement de masse de la Sozialistische Arbeitersjugend (SAJ). Plusieurs dizaines de milliers d’adolescents avaient défilé devant elle, clairons sonnant et tambours roulant. Elle était revenue d’Allemagne très impressionnée par la démonstration ; un de ses membres, Léo Collard, avait estimé qu’il était possible de réaliser la même chose en l’adaptant au cadre belge.

 

 

 

Il ne s’agissait cependant pas d’une soudaine révélation. A gauche, l’intelligentsia avait eu depuis plusieurs années déjà l’occasion de méditer à ce propos les réflexions d’Hendrik De Man sur les éléments constitutifs de l’engagement militant. Délaissant l’économisme cher aux milieux socialistes pour la psychologie collective, cet intellectuel de haut vol avait en effet consacré un chapitre de son fameux Au-delà du marxisme (1927) au symbolisme empreint de religiosité qui savait parler au coeur des masses laborieuses. Et il avait de surcroît réhabilité le facteur émotionnel puisque d’après lui, “(…) la vigueur de la pensée socialiste provient précisément de ce qu’elle donne une forme rationnelle à une aspiration émotionnelle aussi éternelle et aussi universelle à la société humaine elle-même…”.

 

 

 

A la suite de Hendrik De Man et comme le fera peu après Serge Tchakhotine, Collard et ses amis découvraient que… “Parmi les différents éléments qui conditionnent la puissance, (deux sont essentiels) … : l’uniforme et les chants. (…) Les jeunesse socialistes allemandes ont ainsi créé plus qu’un uniforme : un véritable équipement de classe. Lorsqu’elles défilent dans les rues d’une ville, l’atmosphère est immédiatement créée. L’effet psychologique est énorme. C’est la démonstration concrète – il n’en est pas de plus éloquente – de l’identité existant entre tous les membres. L’esprit de groupe, de classe, est immédiatement créé. Les chants collectifs lui donnent une âme…” . Afin de procurer à la Jeune Garde ce supplément d’âme, Collard réussit à convaincre les militants présents au congrès de Charleroi (7-8 novembre 1931) de faire adopter au mouvement un signe de reconnaissance clair, identifiable par les adversaires comme par les amis. Sa suggestion fut discutée mais, malgré certaines réticences, elle fut finalement approuvée.

 

 

 

La volonté d’intensifier le sentiment d’appartenance communautaire par le recours à une symbolique vestimentaire appropriée existait en Belgique bien avant l’été 1931. Si, comme nous l’avons dit, la famille socialiste avait dès 1926 mis sur pied des Milices de Défense ouvrière accoutrées d’une esquisse d’uniforme (costume de ville, casquette, giberne en bandoulière et ‘canne de jonc’), c’est le minuscule Faisceau belge du marquis de Beauffort, inspiré comme son nom l’indique par l’équipée mussolinienne, qui semble avoir été le premier à introduire cet usage dans notre pays en affublant ses (rares) adeptes d’une chemise noire. C’était au printemps 1923. Après avoir absorbé le Faisceau, la Légion nationale de Henry Graff puis de Paul Hoornaert récupéra la chemise noire à son compte pour en revêtir ses Sections de Protection. Elle estimait elle aussi que cela permettrait de “renforcer la cohésion et la discipline en effaçant les différences sociales” entre les adhérents.

 

Les souvenirs du conflit mondial, de la grande fraternité guerrière baptisée par le fer, le sang et la boue des tranchées demeuraient très présents. Lancée en avril 1923, la mode légionnaire du port de la chemise noire et du béret alpin n’acquit une très relative visibilité dans les rues qu’à partir de 1925. Nationalisme oblige, la chemise était censée reproduire les sarreaux foncés des ‘glorieux combattants de 1830’… Puis, comme le noir évoquait par trop le fascisme transalpin, les chemises de la Légion bleuirent au début de 1932.

 

 

 

Les JGS l’avaient précédée de quelques mois dans ce choix esthétique. Les réserves formulées quant à l’adoption de la chemise découlaient du fait que la Jeune Garde, dans son ensemble, ne se tenait pas pour une milice supplétive. Les Milices de Défense ouvrière pouvaient parfaitement remplir cet office. Son antimilitarisme foncier dut aussi jouer dans les hésitations. Enfin, d’aucuns répugnaient à devoir endosser un ‘uniforme’ qui risquait d’être dispendieux en un temps de crise et de chômage. Les dirigeants durent à nouveau mettre les pendules à l’heure : “Nous voulons simplement une coiffure et une chemise avec cravate, c’est tout. (…) Mais il serait souhaitable que l’on n’aboutisse pas à un éparpillement, que les Jeunes Gardes du Brabant soient habillés d’une telle façon et ceux du Borinage d’une autre façon. (…) Il faut un uniforme de la FNJGS comme il y en a un en Allemagne. Un uniforme fédéral et en dessous, une conscience fédérale (sic) ! Du caporalisme prussien ? Non, camarades, des consciences claires et disciplinées”.

 

 

 

Le comité national dut donner des directives précises en janvier 1932 afin d’éviter “des catastrophes” (voir, par exemple, les jeunes changer de tenue de région à région ou de commune à commune) et pour que se popularise ce qu’il avait baptisé euphémiquement “l’uniforme international” : la chemise bleue, la cravate rouge ainsi que le démocratique béret basque. Par mesure de sécurité, le comité priait instamment les présidents des comités locaux de faire la chasse “à ces casquettes et képis de garde champêtre”incongrus dans une tenue vestimentaire qui se voulait austère comme la Révolution.

 

Les éléments étrangers à la famille socialiste ne manquèrent pas d’ironiser sur ces étranges pacifistes en uniforme. Les cadres du mouvement, eux, espéraient bien que grâce à ces initiatives, on assisterait sous peu à la naissance d’une “mystique JGS” et que leur communauté en sortirait renforcée.

 

Apparemment, ces efforts trouvèrent leur récompense. Le port de la chemise bleue se répandit comme une traînée de poudre. Des groupes plus ou moins ordonnés de Jeunes Gardes paradèrent déjà accoutrés de la sorte le 1er mai 1932. Ils firent, à en croire la presse militante, grosse impression. Le mouvement accentuait parallèlement son raidissement doctrinal. Se présentant sans complexe comme le fer de lance du socialisme, il s’appliqua à mettre en place tout un rituel qui avait pour fonction d’affirmer sans cesse son identité, sa cohésion. Les « conseils » prodigués sur le mode impératif plurent dès lors sur les fédérations régionales : “La Jeune Garde doit apprendre à ses affiliés les habitudes d’ordre, d’économie, de discipline en exaltant l’esprit de sacrifice. (…) Il faut adopter l’uniforme qui fera jaillir de nos cortèges une impression de force et de grandeur ! - La question des drapeaux : faisons comme nos camarades allemands. Plaçons en tête de nos cortèges dix, quinze, vingt drapeaux rouges immenses, tout rouges, sans inscription, que nous brandirons à bout de bras ! (…).

 

 

 

- Rénovons nos cortèges. Que chaque chef de groupe ait son mot d’ordre, qu’il criera et qui sera repris ensuite sur un rythme de marche. Par exemple : guerre à la guerre ! A bas le fascisme ! Du travail et du pain ! Place au travail ! Et de l’ordre, s’il vous plaît !”.

 

Bientôt, le libre choix du slogan devint impossible. Le congrès de Frameries (28-29 octobre 1933) porta son choix sur trois cris officiels. On fut donc prié de scander en tendant à trois reprises le poing droit : “Pour plus de justice : JGS / Pour le Travail-Roi : JGS / Plus jamais de guerre : JGS”.

 

La discipline avait désormais pris rang de vertu cardinale. Les dirigeants des groupes se devaient de montrer de ‘la poigne’. On réclamait, on exigeait des cadres un comportement de ‘chefs’. On réclamait, on exigeait des affiliés une plus complète implication dans le mouvement, une adhésion plus complète à ses normes : “Prière de ne pas endosser la chemise bleue et, en même temps, de se coiffer d’un chapeau ou d’une casquette. Bannir aussi les foulards et les bretelles. En outre, l’uniforme ne doit être arboré que dans les congrès et les manifestations de masse. Il est défendu de le mettre tous les jours et pour des choses insignifiantes…”.

 

 

 

En octobre 1932, l’insigne aux Trois Flèches venant de l’Eiserne Front, le Front d’Airain des sociaux-démocrates allemands, effectuait à son tour son entrée parmi les jeunesses socialistes via les Milices de Défense ouvrière, réactivées quelques mois auparavant grâce à un coup de pouce JGS. Sa diffusion fut rapide. D’abord parce que le symbole, graphiquement supérieur au fusil brisé, exprimait davantage, dans le contexte de l’époque, la volonté de vaincre le fascisme. Ensuite, parce qu’en le portant, on affichait sa solidarité avec les camarades d’outre-Rhin, qui s’efforçaient alors de résister aux coups de boutoir du nazisme. En les contemplant, les affiliés devaient se pénétrer de l’idée que ces flèches représentaient l’Activité, la Discipline et l’Esprit de sacrifice, vertus cardinales de l’antifascisme.

 

 

 

Le colportage du journal JGS fut lui-même l’objet de la sollicitude militante car sa diffusion devait contribuer à asseoir le prestige de l’organisation. Il n’était plus question de solliciter le passant humblement, comme à regret. Le colportage devait idéalement se réaliser par groupe de 10 à 15 Jeunes Gardes en tenue, avec clairons, tambours “ou petit orchestre”. La musique achevée, un porte-voix annonçait la vente au moyen de “formules claires, simples et nettes, du style : ‘Ici, JGS, la jeunesse qui lutte ! Travailleur, apprends à connaître JGS ! JGS exige la jeunesse et la paix !’”.

 

 

 

La tonalité des conférences organisées par le mouvement devint elle-même très différente de ce qu’elle était naguère. Celles-ci étaient désormais précédées par “une semaine” de propagande intensive. La façade du local qui devait les accueillir était abondamment ornée de drapeaux rouges plusieurs jours avant leur tenue. Vingt-quatre heures avant la date fatidique, c’était au tour de la salle d’être décorée de drapeaux, de banderoles, de slogans. Les militants chargés du service d’ordre, en tenue, recevaient leurs instructions une demi-heure avant l’ouverture des portes et étaient passés en revue par le chef de section.

 

On leur demandait surtout d’observer “une attitude digne”, de ne pas fumer, de ne pas bavarder, de ne pas s’appuyer au mur. La soirée débutait immanquablement par l’Internationale, que les JGS saluaient “poing fermé, à hauteur de la tempe”. Des adhérents, en civil, éparpillés dans la salle à des points stratégiques, se levaient et saluaient à leur tour “pour entraîner la foule à le faire”. Chaque orateur était invité à traiter d’un seul sujet pendant une trentaine de minutes pour ne pas fatiguer l’attention de l’auditoire. Entre chaque intervention retentissait un “chant socialiste”, ou s’exhibait un choeur parlé énonçant de mâles paroles.

 

Lorsque l’auditoire avait reçu sa ration de lyrisme, le président lui présentait une résolution-type, conforme aux thèmes de préoccupation du moment. On y vouait aux gémonies aussi bien “le fascisme assassin” que “le gouvernement réactionnaire” ou le bourgmestre du coin quand, par aventure, il n’adhérait pas aux idéaux du socialisme. Puis la résolution était votée “à l’unanimité” et l’assemblée se dispersait, saluée par un ultime chant JGS. La messe était dite. Quant aux sorties de propagande ou aux rassemblements plus conséquents orchestrés à l’occasion des congrès fédéraux, il était vivement conseillé de s’y rendre en groupes compacts, en uniforme, et de ne pas hésiter à adopter le pas cadencé pour impressionner les badauds. La multiplication des rappels à l’ordre au fil des mois semble indiquer que ces bons conseils n’étaient pas toujours suivis d’effets. En août 1933, le rédacteur de la revue JGS demandait encore à ses amis de “ne pas jouer au clown” en plaçant le béret “à la façon de Marlène Dietrich”, de ne pas interpeller les femmes en défilant dans les rues. Malgré ces couacs, le mouvement évoluait désormais dans une tout autre atmosphère qu’autrefois.

 

 

 

Ces drapeaux et ces ‘uniformes’, ces chants et ces cris scandés, ponctués de gestes mécaniques, auraient pu faire conclure à tous ceux qui conservaient la tête froide que l’adhésion raisonnée à une formation politique tendait à être supplantée par une intégration de type émotionnel. Cela ne traduisait-il pas l’effritement de toute une tradition philosophique au profit du sentiment, de l’instinct de lutte ?

 

René Delbrouck, pilier de la JGS liégeoise, répondait par l’affirmative et ne s’offusquait pas de cette évolution. Il analysait lucidement la situation; à son sens, tout cela répondait à un but précis : “Personne ne nie l’importance qu’il y a pour un mouvement de créer une psychose (sic) par l’emploi d’un insigne, d’un uniforme, de mots d’ordre, etc… Mais pour créer l’obsession que nous souhaitons (sic), il importe qu’il y ait une corrélation dans l’effort, une uniformité des gestes, une coordination des attitudes. Il faut aussi une impression de force (…). JGS s’imposera par son nombre. (…) Par sa tenue. (…) Par ses méthodes de conquête…”.

 

Ces méthodes semblaient en tout cas dotées de vertus puisque la FNJGS atteignait en 1933 près de 25.000 membres. Le port de la chemise bleue suffisait-elle à expliquer cet engouement ? Assurément pas. Une série d’autres facteurs vinrent s’y greffer, qui stimulèrent la croissance des effectifs.

 

 

 

La crise persistait, continuait à engourdir de vastes pans de l’activité économique. Selon un phénomène bien connu (il s’était déjà produit en 1921-1922), les individus fragilisés par les incertitudes du lendemain éprouvaient le besoin de se raccrocher à des entités politico-sociales fortes, livrant un message fort 87 : en cet âge de demi-innocence politique, un discours bien frappé ne valait-il pas un fait, et un système doctrinal à l’apparence cohérente ne servait-il pas de clef d’explication du monde ? Les jeunesses socialistes, ainsi d’ailleurs que les jeunesses chrétiennes, savaient jouer de tels messages aux accents messianiques et disposaient de structures d’accueil susceptibles d’encadrer ceux qui étaient à la recherche de certitudes… et de protections.

 

 

 

Mais la Jeune Garde voyait de surcroît s’ouvrir devant elle de vastes perspectives suite à deux faux pas successifs du POB. Ce dernier avait été incapable de prévoir la montée des tensions sociales. Aiguillonnées par le Parti communiste belge, elles prirent, en juin-juillet 1932, un caractère violent à travers les bassins hainuyers, en particulier dans celui de Charleroi. Des ouvriers tombèrent sous les balles des forces de l’ordre placées sous la responsabilité du lieutenant général Termonia. Ceux qui avaient la mémoire longue ne manquèrent pas de faire le rapprochement avec la “bourrasque sociale” du printemps 1886 88 et cette fois le Parti se trouvait en triste posture, plusieurs de ses Maisons du Peuple ayant été attaquées par des émeutiers. La Jeune Garde Socialiste se sentait déchirée par ces événements tragiques. Sa base sympathisait avec la cause des grévistes, même si les dirigeants condamnaient les “extrémistes”. D’un autre côté, in petto, bon nombre de ses cadres déploraient l’immobilisme du POB. Pour le secrétaire national du FNJGS, le spasme de juillet 1932 représentait “un chaos et une lumière”, car il s’agissait d’un indice révélateur : “(…) Oppressée par quelques douzaines de forbans, la multitude laborieuse a des sursauts indicateurs, veut défendre farouchement son droit à la vie. (…) C’est le régime qui est en question. C’est son sort qui se joue. Travail ou capitalisme. Nous disons, nous, capital au service du travail dans l’intérêt général. Plus d’oligarchie, de ploutocratie, de congrégations économiques…”.

 

 

 

Le faux pas socialiste de juillet 1932 fut encore aggravé par une déconvenue électorale aux législatives du 27 novembre suivant. Le Parti améliora assurément son score et réussit à glaner trois sièges supplémentaires mais son avancée fut insuffisante pour ébranler la coalition chrétienne-libérale au pouvoir depuis 1927. Quant au PCB – qui venait de faire entrer trois des siens au Parlement – sa présence cessait d’être anecdotique dans les centres industriels de Wallonie ainsi qu’à Bruxelles. Il servait jusque-là de mauvaise conscience au POB : il commençait à devenir un concurrent. Dès lors, la Jeune Garde ne se gêna plus pour secouer le cocotier. Sa critique du réformisme se fit plus âpre. Dès le 21 août 1932, l’ensemble de ses comités exécutifs régionaux battaient la charge “contre les illusions parlementaires, contre les cumuls”, et adjuraient le Parti de revenir “à une politique plus combative” 91. Au fond, ce qu’ils voulaient, c’était que la famille socialiste renoue avec ses racines ‘révolutionnaires’ d’avant 1914 : alors, la crise aidant, l’immense majorité des travailleurs la rejoindrait et le régime honni serait abattu 92. C’était oublier un peu vite qu’avant la Grande Guerre, la direction du POB avait déjà opté pour la voie réformiste et que l’engagement révolutionnaire en question se réduisait à une simple logomachie d’un parti oppositionnel… Mais l’allergie des JGS au réformisme tenait aussi du phénomène générationnel. Les cadets (des cadets de 25-30 ans), pressés par la conjoncture, se heurtaient avec plus d’âpreté qu’auparavant aux aînés; ils disposaient avec la Jeune Garde d’une structure susceptible d’exprimer leur mal-être, leurs frustrations aussi. Des circonstances particulières allaient encore accroître ce différend et porter au paroxysme leur volonté d’action.

 

 

 

L'insurrection héroïque du camp de Buchenwald

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Article du Secours Rouge International, relayé par nos camarades de Feu de Prairie. Là où il y a de la lutte il y a de l'espoir !

L'antifascisme militant c'est le parti de la vie contre le parti de la mort !

 

De 1933 à 1939, un million d’Allemands ont été appréhendés et 275.000 condamnés pour activité antifasciste à 600.000 années de prison ; il y avait en permanence entre 150 et 300.000 Allemands dans les camps de concentration — sans compter les Allemands détenus pour motifs racistes. En 1939 par exemple, il y avait 112.000 personnes en prison après une condamnation politique, 27.000 "politiques" en attente de jugement, et 160.000 autres enfermés sans jugement dans les camps de concentration. Avec la guerre, le nombre des détenus allaient augmenter encore : Résistants, familles de résistants, travailleurs déportés indisciplinés, otages, allaient rejoindre les camps de concentration.

 

Dans les camps de concentration et d’extermination, les SS employaient un grand nombre de détenus comme auxiliaires : chefs de chambrée, employés de bureau, chefs d’équipe dans les ateliers, personnel d’entretien, etc. Occuper une de ces places augmentait considérablement les chances d’échapper à la mort. C’est d’abord aux prisonniers allemands de droit commun que les SS confièrent ces postes, mais leurs vols et leurs trafics perturbaient l’ordre des camps. Les militants communistes noyautèrent peu à peu l’administration des camps. Ils parvinrent, grâce à une utilisation centralisée et rationnelle des possibilités ainsi offertes, à donner aux SS l’apparence d’une "bonne administration" tout en développant un vaste réseau de solidarité et de lutte. Partout où ils purent infiltrer l’appareil des camps, la condition des déportés s’améliora, tandis que les droits communs volaient la nourriture des détenus et que les organisations chauvines polonaises et ukrainiennes rivalisaient avec les SS dans la persécution des Juifs et des Russes.

 

Les communistes allemands constituèrent dans tous les camps une organisation clandestine, mais c’est à Buchenwald, près de Weimar, qu’elle fut la plus développée et la plus efficace. Buchenwald était l’un des plus grands camps de concentration sur le territoire de l’Allemagne. 239.000 personnes y ont été détenues à partir de 1937. 56.000 prisonniers de 18 nationalités y ont trouvé la mort.

 

Au printemps 1942, l’organisation clandestine avait pris le contrôle de presque toutes les fonctions "civiles" du camp. Elle sauva la vie de nombreux condamnés à mort. Un des procédés consistait à échanger l’identité du condamné avec celle d’un détenu ordinaire qui venait de mourir : on enlevait au détenu condamné le morceau de peau tatoué de son numéro et on lui retatouait le numéro du détenu décédé. Un autre procédé consistait à déclarer le condamné atteint du typhus et à l’affecter dans les locaux de quarantaine où les SS n’osaient pénétrer. L’organisation de Buchenwald réussit à monter le système médical équipé de matériel volé aux SS ; elle assurera la solidarité alimentaire envers les malades et les prisonniers de guerre soviétiques privés de nourriture, mit au point un service d’information alimenté par une radio clandestine.

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Elle fut à l’origine de la création d’un Comité international (ILK) en aidant à la constitution d’une organisation clandestine par nationalité (onze organisations nationales furent finalement membres de l’ILK). Elle obtint de remarquable succès dans le sabotage la production de guerre dans les usines employant la main d’œuvre déportée. A Dora (qui dépendait de Buchenwald et où on produisait les fusées « V 2 »), 80% de la production étaient mis au rebut ; à l’usine Gustloff, la production chuta de 55.000 fusils à quelques milliers avec le début du travail concentrationnaire, et les trois quarts de la production fut par la suite renvoyés par la Wehrmacht comme inutilisables. Il était prévu de produire 10.000 pistolets par mois, mais la production resta "à l’essai" pendant deux ans, et dans l’intervalle, une quantité incroyable de matières premières et d’énergie avait été délibérément gaspillée.

L’organisation clandestine constitua une branche militaire, l’Organisation Militaire Internationale (IMO), dans la perspective d’une insurrection armée. Le service « armement », dirigé par Franz Bera, avait réunis et caché 91 fusils avec 2500 cartouches, une mitrailleuse avec 2000 cartouches, vingt armes de poing, 200 cocktails molotov, des grenades artisanales, des couteaux, des cisailles, etc. Certaines armes avaient été construite au camp à partir de pièces volées une à une dans les usines d’armement. Pour protéger le secret de toute cette activité, elle développa au plus haut point l’espionnage des autorités SS et liquida discrètement de nombreux mouchards.

 

Aux derniers jours du camp, l’organisation de Buchenwald parvint à empêcher le départ de 21.000 de détenus dans les « marches de la mort ». Le 11 avril 1945, à 11 heures du matin, les troupes américaines approchent (on entend le grondement de la canonnade) et les unités SS des casernes jouxtant le camp reçoivent l’ordre d’évacuation. Le massacre de tous les prisonniers restant est à craindre et, dans le même moment, la désorganisation de la garnison est à son comble. Le moment est choisi par l’IMO pour déclencher l’insurrection armée. Chaque groupe national reçoit ses instructions et ses armes. Les miradors et les bâtiments clés sont pris d’assaut.

Voici le témoignage de Pierre Durand, un des combattant français :« Au pas de course, Henri Guilbert revient de l’état-major international. Le signal est donné : on passe à l’attaque ! Le colonel Manhès et Marcel Paul transmettent leurs directives : "Ordre est donné au commandant de la compagnie de choc de se rendre au Block 50 accompagné de dix hommes pour prendre livraison des armes destinées aux unités françaises." Dans une course effrénée, nous descendons les rues du camp pour aboutir rapidement au lieu indiqué. Un camarade allemand nous indique du doigt notre destination. Nous pénétrons dans une immense cave remplie de charbon. Deux détenus allemands, munis de pelles, avec une énergie rageuse, écartent le charbon et dégagent le mur du fond, Puis à l’aide de gros marteaux, sur toute la longueur du mur, font voler en éclats une mince cloison derrière laquelle nous découvrons un petit arsenal : fusils, revolvers, munitions, grenades. Rapidement nous sont remises les armes destinées aux forces françaises. Quelques minutes plus tard, nos quatre compagnies reçoivent leur contingent d’armes. Le colonel Manhès, Marcel Paul me transmettent les ordres. Notre unité rejoint rapidement le secteur indiqué et dix minutes plus tard les 120 hommes de la compagnie de choc, fusils et grenades en main, montent au pas de course à cette immense place d’appel... La compagnie de choc atteint son objectif : la porte, le Bunker, les locaux administratifs sont investis. Les SS surpris, en proie à la panique, décampent à toute vitesse. »

 

A 14H30, les 850 combattants de l’IMO ont libéré le camp dans un bref mais violent combat contre des SS démoralisés et rapidement débandés. 150 gardes SS avaient été capturés, 1.500 fusils, 180 lances-fusée antichar "Panzerfaust" et 20 mitrailleuses récupérés. A 16H les premiers soldats américains entrent dans le camp. Le premier officier allié à pénétrer à Buchenwald témoigne : « Nous entrons dans le camp : aucune trace de combat ; il n’y a pratiquement aucune résistance des S.S. (…) Ça et là, dans le camps, nous apercevons certains hommes qui ont perdu déjà l’aspect de déportés politiques. Ils portent des grenades accrochées à la ceinture, des fusils, des Panzerfaust ; ils donnent l’impression de vouloir constituer une force révolutionnaire dans le camp. »

 

Une semaine plus tard, le 19 avril 1945, les déportés rassemblés sur la place d’appel prêtèrent le serment suivant :

« Nous, les détenus de Buchenwald, nous sommes venus aujourd’hui pour honorer les 51.000 prisonniers assassinés à Buchenwald et dans les Kommandos extérieurs par les brutes nazies et leurs complices. 51.000 des nôtres ont été fusil lés, pendus, écrasés, frappés à mort, étouffés, noyés, empoisonnés et tués par piqûres. 51.000 pères, frères, fils sont morts d’une mort pleine de souffrances, parce qu’ils ont lutté contre le régime des assassins fascistes. 51.000 mères, épouses et des centaines de milliers d’enfants accusent. Nous, qui sommes restés en vie et qui sommes des témoins de la brutalité nazie, avons gardé avec une rage impuissante la mort de nos camarades. Si quelque chose nous a aidés à survivre, c’était l’idée que le jour de la justice arriverait. AUJOURD’HUI NOUS SOMMES LIBRES Nous remercions les armées alliées, les Américains, les Anglais, les Soviétiques, et toutes les armées de libération qui luttent pour la paix et la vie du monde entier. Nous rendons hommage au grand ami des antifascistes de tous les pays, à l’organisateur et initiateur de la lutte pour un monde nouveau, que F.D. Roosevelt [qui venait de mourir]. Honneur à son souvenir. Nous ; ceux de Buchenwald, Russes, Français, Polonais, Tchécoslovaques et Allemands, Espagnols, Italiens et Autrichiens, Belges et Hollandais, Luxembourgeois, Roumains, Yougoslaves et Hongrois, nous avons lutté en commun contre les SS, contre les criminels nazis, pour notre libération. Une pensée nous anime NOTRE CAUSE EST JUSTE, LA VICTOIRE SERA NOTRE. Nous avons mené en beaucoup de langues la même lutte dure et impitoyable. Cette lutte exigeait beaucoup de victimes et elle n’est pas encore terminée. Les drapeaux flottent encore et les assassins de nos camarades sont encore en vie. Nos tortionnaires sadiques sont encore en liberté. C’est pour ça que nous jurons, sur ces lieux de crimes fascistes, devant le monde entier, que nous abandonnerons seulement la lutte quand le dernier des responsables sera condamné devant le tribunal de toutes les nations : L’écrasement définitif du nazisme est notre tâche. NOTRE IDEAL EST LA CONSTRUCTION D’UN MONDE NOUVEAU DANS LA PAIX ET LA LIBERTE. Nous le devons à nos camarades tués et à leurs familles. Levez vos mains et jurez pour démontrer que vous êtes prêts à la lutte. »

Pavlos Fyssas, rappeur antifasciste grec, assassiné !

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Le musicien de hip-hop et militant antifasciste Pavlos Fyssas est mort. Il a été froidement assassiné par un membre du parti Néo-nazi, Aube Dorée le 17/09/2013. L’antifasciste a reçu des coups de couteau directement au niveau du cœur devant de dizaines des personnes avec la tolérance des forces policières qui ont refusé d’intervenir.

Cet assassinat intervient cinq jours seulement après l’attaque meurtrière des néonazis d’Aube Dorée contre des militants du PC grec qui faisaient un collage dans un quartier ouvrier de Pirée. Ces événements font partie d’une grande série des agressions, des ratonnades et des assassinats des immigrants et des militants antifascistes qui ont eu lieu pendant les dernières années.
Dans un pays où le taux du chômage atteint 28%, où la plupart des travailleurs sont soit licenciés soit au chômage technique, où le 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté, les néonazis en pleine collaboration avec le gouvernement grec poursuivent une attaque contre l’ennemi intérieur. Chaque travailleur qui ne baisse pas la tête devant les attaques du capital, chaque immigrant qui essaie de gagner sa vie, chaque femme qui défend ses droits, chaque résistance contre la politique gouvernementale est qualifié « d’ennemi intérieur ». L’Aube Dorée est devenu l’amortisseur parfait de la colère populaire née par le désastre humanitaire provoqué par le gouvernement et la Troïka.
Le gang d’assassins a « bien » choisi les dates des attaques. Au moment où les enseignants menacés de licenciement descendent dans la rue avec une participation à la grève qui monte à 90%, au moment où les travailleurs d’autres secteurs rejoignent les enseignants en lutte, les néonazis jouent le seul rôle qu’ils connaissent depuis 70 ans, celui de l’écrasement de chaque voix libre.
La mort de Pavlos Fyssas n’est pas en vain. Elle rend plus décisives la lutte antifasciste et la lutte des travailleurs contre le gouvernement, la Troïka et l’Aube Dorée, le bras dur du capitalisme.
Les morts de Clément Méric et de Pavlos Fyssas doivent être les derniers crimes des criminels fascistes et néonazis.
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Ni en France, ni en Grèce ! Solidarité internationale !
Fascistes, racistes, sexistes, nazis, intégristes, extrême droite: ASSASSINS !

Dieudonné en tournée. Limoges le 25 janvier 2014

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Après quelques années de semi-clandestinité théâtrale, terré dans son théâtre de la Main d'Or ou relégué à faire des sketchs dans un bus, il semblerait que Dieudonné ait de nouveau la possibilité de jouer dans des grandes salles telles que les zéniths, comme en atteste son agenda de tournée. Ainsi, Dieudonné qui se targuait par exemple d'être anti-système bénéficie de l'aide logistique de grandes firmes de distribution pour la réservation de places...


    Dieudonné

La chute de Dieudonné commence en 2006, avec sa venue à la fête du Front National le 11 novembre et où on le voit poser avec des membres du DPS (service d'ordre du FN, véritable milice paramilitaire d'extrême-droite).

 

En 2007, Dieudonné se constitue un cercle d'amis et de soutiens venant d'extrême-droite, pour former la solide base de constitution de la « liste Anti-Sioniste ». Le 11 juillet, Jean Marie Le Pen devient le parrain de la fille de l'humouriste. Il semblerai aussi d'après la source du journal Le Parisien, que le leader frontiste a versé 60.000 euros à Bonnie production gérée par Dieudonné. Le contrat portait sur la location d'espace, en l'ocurence le théâtre de la main d'or... aujourd'hui propriété de Bonnie production.

 

En 2008, c'est la descente aux enfers. D'abord, il y a un voyage au Liban et en Syrie. Dieudonné est accompagné par des grosses pointures d'extrême-droite. Le voyage est organisé à l'initiative de Frédéric Chatillon, ancien responsable du Groupe Union Défense (GUD, organisation étudiante violente nationaliste et raciste née en 1968 par des anciens d'Occident, pro-OAS et Algérie-Française) ; Thierry Meyssan, fondateur du Réseau Voltaire et fervent défenseur des régimes iranien, lybien et syrien ; Alain Soral, ancien du FN et leader d'Égalité et Réconciliation, organisation de type fasciste mussolinienne (proche un temps de Serge Ayoub, Soral n'hésite pas à mettre des portraits de Charles Maurras sur son site et à reprendre le slogan de Mussolini « Gauche du Travail, Droite des valeurs ») ; Marc Georges, ancien du FN et coordinateur de la campagne « Anti Sioniste » ; Ahmed Moualek, antisémite notoire, animateur du blog « la banlieue s'exprime », soutien du FN dans les quartiers. C'est cette même équipe que l'on retrouve aujourd'hui dans les soutiens forcenés à Bachar al-Assad.

 

Toujours en 2008, arrive un heureux événement pour Dieudonné : Jean-Marie Le Pen, président du FN, devient officiellement le parrain du troisième enfant de l'humoriste lors d'une cérémonie à Bordeaux... (plus si drôle que ça, hein ?!).

 

En septembre 2009, c'est le procès Dieudonné-Faurisson qui le remet sur le devant de la scène. Robert Faurisson, négationniste notoire, antisémite et proche de l'extrême-droite, s'était vu invité par Dieudonné à un de ses spectacles, pour lui remettre le « prix de l'infréquentabilité et de l'insolence ». Dieudonné commence à bien choisir ses amis et son public applaudit. A l'audience du procès, tous ses nouveaux compagnons de route sont présents pour le soutenir : Ginette Skandrani, exclue des Verts pour négationnisme et antisémitisme ; des membres d'Égalité et Réconciliation ; Thomas Werlet, chef du Parti Solidaire Français (parti fasciste d'obédience Pétainiste-Doriotiste, anciennement appelé « Droite Socialiste », ceux-là même qui étaient avec Kemi Seba et dont certains membres, des skins néo-nazis, avaient tabassé des jeunes « parce qu'ils étaient noirs », les mêmes rendus célèbres en 2008 pour une fusillade contre deux jeunes d'origine immigrée en banlieue) ; des pointures du négationnisme et du racisme comme Michelle Renouf, proche du British National Party (parti réputé pour avoir accueilli dans ses rangs des skinheads néo-nazis de Blood and Honour et Combat18 dans les années 1980).

 

En mai 2009, c'est le lancement effectif de la « liste antisioniste » aux Européennes parrainée par le Parti Anti-Sioniste et par Égalité et Réconciliation, dont le tête de file est Dieudonné. Sur cette liste, on retrouve encore du beau monde : Mickael Guerin, ex-secrétaire du Front National de la Jeunesse en Rhône-Alpes et responsable de la section Savoie d'Égalité et Réconciliation (dont le site internet arborait le logo des nationaux-bolchéviques, une idéologie mêlant nazisme et stalinisme) ; Emmanuelle Grili, ancienne militante du Renouveau Français (organisation nationaliste, raciste et royaliste) ; Charles Alban Sheppens, également ancien de Renouveau Français passé par le « Groupe Nationaliste Bourgogne » dans les années 1990, puis par le FN, président de la « Fraternité Franco-Serbe », dont Jany Le Pen est la marraine (cette association apporte son soutien aux serbes du Kosovo dans leur combat contre les musulmans albanophones). Ce Charles Alban Sheppens, on le voit également aux côté des hooligans racistes de Boulogne où il vend des écharpes pour le compte de la Fraternité. Cette liste est officiellement soutenue par le Parti Solidaire Français (dont nous avons déjà parlé plus haut). Soulignons également que le Parti Anti-Sioniste de Dieudonné ne fut jamais accepté comme soutien officiel par les organisations de libération en Palestine...

 

De 2010 à 2012. Dieudonné stagne dans sa sphère de fans issus à la fois de l'immigration, des quartiers populaires et de l'extrême-droite radicale, assumant tout son parcours depuis 2006.

 

Vous en voulez encore ? Allez, on va dans le plus récent !

 

Juin 2013, affaire Méric. Un jeune antifasciste, Clément Méric, est assassiné par des néo-nazis de Troisième Voie dont le chef est Serge Ayoub alias « Batskin », patron également des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (service d'ordre de Troisième Voie).

Dieudonné se montre en octobre dans une vidéo avec Serge Ayoub, lui serrant la main et lui accordant son soutien de part la mise à disposition d'une interview où le leader néo-nazi raconte sa version des faits (depuis 2009 Dieudonné s'était déjà présenté comme « ennemi des antifascistes »...). Mais avec cette interview, Dieudonné montre une fois de plus de toute sa contradiction ! Dieudonné se donne l'image du combattant contre l'impérialisme... et des jeunes le suivent bêtement. Serge Ayoub en bon « anti-impérialiste » et « anti-colonialiste » qu'il se présente (laissez nous rire un instant !) ne manque pourtant pas de casseroles. Au sein même de l'organisation d'Ayoub, il y a eu des individus comme un certain « Pti'Fred » qui se vante dans le documentaire « Sur les pavés » (réalisé par Serge Ayoub pour « répondre » au documentaire « Antifa chasseurs de skins »), interviewé dans le bar « Le Local » (de Batskin...) d'avoir fait parti des mercenaires de Bob Dénard (militaire colonialiste et anti-communiste) en Afrique en 1995, pour appuyer des coups d'État comme celui aux Comores... Et il n'est pas le seul, les nationalistes français ont contribué lourdement au pillage de l'Afrique, de l'Asie, de Orient et de certains pays de l'est en envoyant des mercenaires pour asseoir la domination de la France et des valeurs chrétiennes.

 

Et Dieudonné n'est que le complice de tout ça en s'alliant avec eux !

Dieudonné est bien d'extrême droite, c'est le tirailleur noir des suprémacistes blancs... Il est la caution de couleur pour faire passer le message et la volonté des racistes blancs ! Du masochisme aussi poussé, qui l'eut cru un jour ? Dieudonné l'a fait !

 

 

En complément, voir les articles de "Reflexes" sur Dieudonné et "La Galaxie Dieudonné": http://a404.idata.over-blog.com/2/95/87/89/tableau_de_la_galaxie_Dieudo.gif

La liste antisioniste de Dieudonné - Soral, financée par l'Iran ?

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Avant de reproduire un texte intéressant de "Article11" s'intitulant "Alain Soral et le « butin de guerre » de la liste antisioniste – un conte iranien.", cet article est un complément au précédent sur Dieudonné. Notons également un petit rajout concernant Alain Soral que l'on voit dans la vidéo de l'article (vidéo d'Egalité et Réconcialiation) aux côtés de Gabriele Adinolfi. Il semblerai que beaucoup de personnes, notamment des jeunes accordent du crédit à Soral et prétendent que ce n'est pas un facho ("la preuve il est avec des musulmans"), cependant rappelons qui est ce Gabriele Adinolfi, proche ami (et contact italien) de Soral. Adinolfi est l'idéologue du mouvement neo-fasciste italien, d'obédience nationaliste-révolutionnaire (même idéologie que les meurtriers néo-nazis de Troisième Voie et JNR de Serge Ayoub qui ont assassiné Clément Méric), il s'exile à l'étranger, notamment à Paris, pour fuir un mandat d'arrêt suite à l'attentat de la gare de Bologne en 1980. Cet attentat est le fait de groupes d'extrême droite extraparlementaire et activistes dont il faisait parti. Ses ouvrages, notamment "Pensées Corsaires" ont été sollicités et appréciés par la mouvance identitaire et néo-nazie en France.

 

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Passons au texte d'Article11 (les sources, compléments et vidéo, sont avec le lien en bas de l'article): "Alain Soral et le « butin de guerre » de la liste antisioniste – un conte iranien"

 

Beaucoup le soupçonnaient. C’est désormais avéré : la liste antisioniste conduite par Dieudonné aux européennes de 2009 a bénéficié de subsides iraniens. Un enregistrement d’Alain Soral, à l’époque cinquième sur la liste, le confirme. Ressortie à l’occasion d’un énième règlement de comptes, la vidéo fait beaucoup de bruit à l’extrême-droite et intéresse la justice.

 

Il y a une constante dans l’auto-proclamée « dissidence », marigot idéologique d’extrême et d’ultra-droite regroupant le mouvement Égalité et Réconciliation d’Alain Soral, les aficionados de Dieudonné et nombre de petits groupuscules complétement allumés. Ses figures les plus en vue ont une forte tendance à se retourner les unes contre les autres, à détricoter les frêles alliances qu’ils avaient nouées et à se bouffer le nez. C’est plus fort qu’eux. Mieux : ils le font publiquement, au vu et au su de tous, via des vidéos postées sur Youtube1. Et ils en oublient parfois toute prudence, laissant fuiter certaines informations censément secrètes.

 

Pour dernier avatar de cette perpétuelle Nuit des longs couteaux, la sévère brouille entre Alain Soral et Ahmed Moualek, proche de Dieudonné2 et président de La Banlieue s’exprime, un groupuscule extrémiste. Les deux hommes, solidement ancrés à l’extrême-droite, se connaissent bien : lors des élections européennes de 2009, ils figuraient ensemble sur la liste antisioniste portée en Île-de-France par Dieudonné : Alain Soral occupait la cinquième place et Ahmed Moualek la septième. Mais leur compagnonnage remonte plus loin en arrière : en 2006, ils s’étaient par exemple rendus de concert (avec le complotiste Thierry Meyssan, Dieudonné et le frontiste Frédéric Chatillon3) en visite en Syrie et au Liban.

 

 

Soral et Moualek sont donc de vieilles connaissances. Leur brouille, par contre, est très récente. Elle naît d’une vidéo mise en ligne par Ahmed Moualek le 23 août dernier. Il y explique qu’il a changé d’avis à propos de la situation en Syrie et qu’il « ne soutient plus Bachar El Assad », « un traître à son propre peuple ». La prise de position n’a rien d’anodine au sein d’une extrême-droite française qui soutient d’autant plus Assad que la Syrie est traditionnellement l’un de ses grands argentiers. Pour un Alain Soral, particulièrement engagé dans le soutien au régime syrien, la vidéo d’Ahmed Moualek vaut donc déclaration de guerre.
La riposte ne tarde pas. Sur le net, Moualek est attaqué de toutes part par les affidés d’Égalité et Réconciliation. Et il n’apprécie pas. Il apprécie d’autant moins que, lui, qui se revendique antisioniste radical (pour ne pas dire antisémite – l’homme a par exemple inventé un mot pour ceux qu’il considère comme sionistes : juifistes), se retrouve d’un seul coup traité de suppôt d’Israël par ses anciens amis. Insulte suprême.

 

Conséquence : Moualek contre-attaque. Il le fait au moyen d’une vidéo mise en ligne le 24 août et titrée « Alain Soral, où est le butin de guerre de la liste antisioniste ? ». Dans celle-ci, face caméra, il se plaint de la perfidie de ses anciens compagnons de lutte. Surtout, il exhume une autre vidéo, enregistrée en mars dernier à l’occasion d’un déplacement à Nice du meneur exalté d’Égalité et Réconciliation ; un film dans le film, en somme. Alain Soral y tient le crachoir. Et au détour d’un monologue portant sur la forme politique qu’il conviendrait de donner à la « dissidence », il fait cette étrange confession à propos du financement de la liste antisioniste de 2009 : « Si on a pu faire la liste antisioniste qui a coûté 3 millions d’euros, c’est parce qu’on a eu l’argent des Iraniens. Faut le dire, faut être honnête. Si on ne les avait pas eus, on n’aurait pas pu le faire : on n’a pas 3 millions d’euros. Surtout qu’on les a perdus, puisque pour être remboursé, il fallait faire 5 % minimum. » Bam.

 

Le soutien de l’Iran à une partie grouspusculaire de l’extrême-droite française a souvent été évoqué4. Cela se dit. Mais là, c’est différent : Alain Soral le balance recta, l’avoue sans ambages. Plus étonnant encore : il le fait devant une caméra, lors d’une réunion publique.

 

Dans sa déclaration vidéo, Ahmed Moualek explique ne jamais avoir été au courant de l’existence de ces trois millions d’euros. Il raconte d’ailleurs qu’il n’était pas question de se faire rembourser le moindre frais lors des séances de tractages auxquelles il a participé, mentionne que même le kebab était de sa poche... Mais il demande surtout des comptes, sous-entendant au passage des malversations financières : « Personne n’est au courant de ces trois millions d’euros. La liste anti-sioniste, de ce que j’avais pu comprendre, elle était financée – tout le monde n’était pas au courant – à hauteur de 300 000 euros. Soral fait des révélations. C’est son droit, hein, c’est son droit de le faire. […] Moi, j’aimerais savoir, je pose la question à Soral […] : Soral, où est le butin de guerre ? Où sont ces trois millions d’euros que tu as ou que vous avez touchés, je ne sais pas ? Où est cet argent ? […] Tout le reste de la liste antisioniste, comme moi, n’a pas touché un euro. J’en ai même pas senti l’odeur... »

 

Sur le net d’extrême-droite, cette vidéo, visionnée plus de 50 000 fois, fait beaucoup de bruit. Si Alain Soral ne peut l’ignorer, il ne réagit pourtant pas personnellement. Par contre, le 27 août, le site d’Égalité et Réconciliation reprend la vidéo de Moualek, avec cette précision : « À la question de savoir s’il faut faire évoluer la dissidence vers une forme politique plus institutionnelle, Alain Soral répond en rappelant la réalité de la politique politicienne et en évoquant les fameux « 3 millions d’euros » (qu’il faut bien sûr imputer à la fatigue et corriger en 300 000). » 300 000 et non 3 millions d’euros ? La langue qui fourche, un coup de fatigue ? Mouais.... Admettons. Sauf que ça ne change pas grand-chose.

 

L’intérêt de cette vidéo d’un Soral expliquant benoîtement que la liste antisioniste n’a pu exister que grâce à l’argent de la République islamique d’Iran ne réside en effet pas dans le montant de la somme. Il est ailleurs, dans cet aveu réitéré (une première fois à Nice en mars dernier, puis une seconde sur le site d’Égalité et Réconciliation le 27 août) d’une subvention totalement illégale. Et même, doublement illégale.
La liste antisioniste n’a en effet déclaré à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques que les sommes – mirifiques – de 6 691 euros de dépenses et 6 922 euros de recettes (dont 5 796 euros de dons)5. Les subsides iraniens n’y figurent donc pas. Ce qui laisse à penser que les comptes de la liste antisioniste sont mensongers. Une manipulation qui, à première vue, ne porte pas à conséquence : la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques ne peut effectuer de recours que dans les huit mois suivant l’élection. Il y aurait donc prescription.

 

Par contre, l’article L 52-8 du code électoral interdit formellement aux candidats aux élections de percevoir de l’argent d’un pays étranger. Plus précisément, il stipule : « Aucun candidat ne peut recevoir, directement ou indirectement, pour quelque dépense que ce soit, des contributions ou aides matérielles d’un État étranger ou d’une personne morale de droit étranger. »
Les risques juridiques sont ici un chouia plus importants : l’article L 113-1 du code électoral prévoit que « sera puni d’une amende de 3 750 euros et d’un emprisonnement d’un an, ou de l’une de ces deux peines seulement, tout candidat en cas de scrutin uninominal, ou tout candidat tête de liste en cas de scrutin de liste, qui aura accepté des fonds en violation des dispositions de l’article L. 52-8 ». La peine encourue reste légère, mais nul doute que Dieudonné – considéré comme responsable en tant que tête de liste – ne souhaite pas spécialement se retrouver une nouvelle fois au tribunal.

 

Pas de bol, cela lui pend au nez. Quand j’ai demandé à me rendre sur place, dans les locaux de la Commission, pour consulter les comptes détaillés6 de la campagne de la liste antisioniste, on m’a répondu qu’ils n’étaient pas disponibles. Il se trouve qu’il n’existe qu’une seule possibilité pour qu’ils ne le soient pas : une réquisition judiciaire. Dit autrement, une enquête est en cours. Voilà qui ne devrait pas arranger les affaires de la « dissidence » – en soi, une excellente nouvelle.

Mais la nouvelle pourrait devenir meilleure encore. Imaginons que les sous-entendus de Moualek se vérifient, que des membres de la liste antisioniste aient réellement fait main-basse sur une partie des subsides iraniens et que la justice le découvre : pour le coup, certaines figures de la « dissidence » passeraient vraiment un hiver pourri....

 

 

http://www.article11.info/?Alain-Soral-et-son-butin-de-guerre#nh4

Concerts à venir et à ne pas rater !

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 Sang Mêlé jouera à chacune de ces dates


23 novembre, journée de lutte contre les violences faites aux femmes

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Le "Torchon Brule Attisons-le !" association féministe et révolutionnaire de Limoges vous convie à une journée contre les violences faites aux femmes.

 

Le programme:

Sans titre

"Comprendre l'Empire" d'Alain Soral démonté

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D’inspiration libertaire et remplie de références historiques précises, cette petite brochure intitulée "Misère de la fausse critique : comprendre Comprendre l’Empire " liste toutes les contradictions, erreurs historiques, raccourcis grossiers qui composent l’ouvrage de référence de celles et ceux qui se réclament de la « pensée » de Soral. En 70 pages, elle démontre le vide sidéral de son discours. Loin de proposer une grille de lecture théorique du monde (avec laquelle on pourrait être ou non en accord, mais qu’on pourrait alors combattre sur le plan politique), Soral se contente paresseusement et sans aucune originalité de dénoncer les sempiternels boucs-émissaires (Juifs, francs-maçons) que l’extrême droite voit partout, et de reprendre un discours nationaliste réactionnaire qui sent bon la France moisie. Par un travail patient de mise à jour de la malhonnêteté intellectuelle de Soral et surtout de sa méconnaissance de l’histoire du monde, les auteurs de la brochure offrent à celles et ceux qui le souhaitent une argumentation solide pour démontrer l’imposture de celui qui se présente comme un intellectuel, mais qui n’est rien d’autre que le dandy pédant qu’il n’a jamais cessé d’être.

 

Sommaire :
- Introduction
- Sur l’imposture fondamentale à la base du titre du livre
- La conception d’un peuple « irresponsable » entretenue par Soral, rend vain le combat contre l’Empire
- La turlutte des classes selon Soral
- Soral ou la haine des contre-pouvoirs
- Soral n’a pas fait sauter la banque
- Les gages donnés à l’extrême droite
- En conclusion

La brochure en format pdf: http://www.esprit68.org/infokiosque/comprendre-comprendre-l-empire3.pdf

"Comprendre l'Empire" d'Alain Soral démonté

Auguste Delaune, héros du sport ouvrier

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Il y a 70 ans ils assassinaient Auguste Delaune.

Auguste Delaune représente une figure incontournable de l’histoire de la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT). Son patronyme reste notamment attaché à sa Coupe nationale de football, mais aussi à de nombreuses installations sportives à travers le pays, dont évidemment l’enceinte du glorieux Stade de Reims. Mais qui connaît vraiment son histoire ?

Né le 26 septembre 1908 près du Havre, il devient ouvrier soudeur et rejoint rapidement le combat syndical dans les rangs de la CGTU (rassemblant communistes, syndicalistes révolutionnaires et libertaires). En 1923, il adhère à un club sportif ouvrier, puis contribue à fonder le comité régional FST (Fédération Sportive du Travail) de Normandie. En 1926, sa famille part s’installer à Saint-Denis en région parisienne. Il remporte ainsi, en 1928, le cross du journal l’Humanité, preuve qu’il restait d’abord un pratiquant passionné. De retour de son service militaire, il monte au secrétariat général national de la FST, puis se retrouve coopté au Comité exécutif de l’Internationale rouge des sports. Toujours militant communiste et des JC, il est à ce titre envoyé avec sa première épouse Lise Ricole, futur London, en formation politique à Moscou.


Revenu en France, il prend part aux pourparlers unitaires avec les socialistes de l’Union des Sociétés Sportives et Gymniques du Travail (USSGT) qui donnent naissance, en décembre 1934, à la FSGT dont il devient un des dirigeants nationaux de premier plan (la présidence échoit conjointement au communiste Georges Marrane et au socialiste Antonin Poggioli). Mobilisé à l’automne 1939, Auguste Delaune traversa héroïquement la campagne de France en mai-juin 1940, honoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre. Ce qui n’empêche nullement Vichy de l’arrêter et l’interner le 6 décembre. Il s’évade du camp de Châteaubriant le 21 novembre 1941, pour rejoindre la Résistance, notamment en lançant le réseau Sport Libre (et la revue clandestine du même nom) dénonçant la politique de collaboration dans le sport (en particulier la persécution des sportifs juifs), puis s’engage au sein des Jeunesses communistes clandestines. La police du Mans (Sarthe) lui tendit un guet-apens le 27 juillet 1943 sur le pont de Coëffort. En dépit d’une tentative avortée de libération, il est transféré à la prison du Vert-Galant au Mans. Il succombera aux tortures de la Gestapo le 12 septembre sans avoir parlé, juste livré son faux nom, Paul Boniface.

 

Article émanant de "Sport et plein air" de septembre, revue mensuelle de la FSGT s'inscrivant dans la longue tradition des revues du sport travailliste qui existent depuis 1920:

http://www.fsgt.org/IMG/pdf/2013-FSGT-DELAUNE-BD.pdf

Auguste Delaune, héros du sport ouvrier

Génération Identitaire veut détourner la jeunesse

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(Diffusion de tract)

 

Tu as peut-être déjà remarqué ces des autocollants noirs et jaunes signés "Génération Identitaire" devant ton lycée ou en centre-ville. Ils ont surement attiré ton attention mais tu ne connais peut-être pas leur signification...

 

Petit historique :


Génération Identitaire fait partie du Bloc Identitaire, une organisation raciste, d'inspiration fasciste, homophobe et sexiste qui cache son véritable visage derrière le masque des identités régionales, des héritages culturels et de la promotion des terroirs et des traditions. En effet, ce mouvement identitaire vient de "Unité Radicale", un groupuscule ultra-violent se réclamant du nationalisme révolutionnaire (courant politique du nazisme d'Hitler) qui tente d'assassiner le président de la République en juillet 2002. Unité Radicale est alors dissoute par la justice et ses chefs créent une nouvelle organisation : le "Bloc Identitaire".

 

Le vrai visage de Génération Identitaire (G.Id) :
 

Bien que plus attrayante aujourd'hui, G.Id n'as pas pour autant fait disparaitre la violence à caractère raciste, fasciste ou discriminant, rappelons que les chefs historiques comme Fabrice Robert ou Philippe Vardon, venant du mouvement skinhead néo-nazi, mais aussi de nombreux membres, ont déjà été condamnés pour ces faits. D'autres chefs locaux, comme le responsable identitaire de Lyon, assument parfaitement la connexion entre identitaires et néo-nazis en Rhône-Alpes et ailleurs. En plus du caractère sexiste du mouvement (les identitaires sont contre les droits des femmes et leur émancipation), homophobe (en participant au mouvement contre le mariage homosexuel), G.Id (dont beaucoup de chefs sont des patrons d'entreprise) fait le tri chez les pauvres et les plus démunis en "proposant" une soupe au cochon pour les SDF (excluant tous ceux qui ne mangeraient pas de porc, par choix éthique, culturel, et surtut par choix religieux).

 

Des faits:
 

Avril 2011, les identitaires lyonnais tabassent 2 jeunes dont un a la mâchoire cassée en deux. Leur chef prendra de la prison ferme.
Juin 2012, des identitaires toulousains rouent de coups (parce qu'il n'est pas blanc) Manuel Andrès Pardo, étudiant chilien de 36 ans, ce dernier finira hémiplégique suite à un coma...
Mai 2013, les identitaires de Tours agressent de jeunes "militants de gauche".
Octobre 2013, de nouveau à Lyon, 5 identitaires gazent avec de la bombe lacrymo et tabassent 2 filles de 18 et 20 ans car l'une est d'origine africaine.
Et la liste est encore longue...

 

L'insécurité, la haine et la violence, c'est l'extrême droite !

LA RACAILLE, C'EST L'EXTREME DROITE !

 

Génération Identitaire veut détourner la jeunesse

Le poing levé, un symbole antifasciste et guerrier

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Le symbole du poing levé est depuis quelques années mis à toutes les sauces, on le retrouve un peu partout dans le monde et dans différents contextes: à des concerts, dans la publicité, à des manifestations sportives ou manifestations culturelles, à des manifestations de gauche comme de droite voir d'extrême droite, repris par des personnalités comme des anonymes... le poing levé est devenu un symbole universel se manifestant le plus souvent au cœur d'une foule pour exprimer, extérioriser quelque chose de fort.

 

 

Origines du poing levé...

 

Bien que le poing levé fut de tout temps utilisé presque instinctivement notamment en temps de guerre ou de révolte, on commence à en voir des traces visuelles avec la peinture « L'Emeute » d'Honoré Daumier en1848. Cependant il faut plonger dans le contexte de la République de Weimar d'Allemagne et sa culture politique, pour voir l'origine du poing levé qui va se populariser jusqu'à aujourd'hui. C'est un graphiste communiste, John Heartfield, membre du KPD (Parti Communiste Allemand) qui va créer à partir d'un dessin de Georges Grosz de 1922 la forme fixe liée à l'expression élémentaire de la colère ouvrière: le poing levé.

Immédiatement, le Roter FrontKampferbund (RFB, Front de Combat Rouge), organe paramilitaire du KPD en fait son symbole de ralliement et l'inclut dans son règlement intérieur de 1924. Le poing levé c'est aussi et surtout la réponse de gauche face au bras tendu des nazis qui ont fondé leur parti (NSDAP) en 1920 et comptent déjà en 1923 près de 55.000 membres et 30.000 SA (paramilitaires nazis).

 

...dans un contexte agité

 

En effet, la jeune République de Weimar est dans un contexte bien agité, chaque camps et formation politique possède sa branche paramilitaire en cas d'affrontement. Depuis 1916, l'Empire Allemand est gouverné par les militaires du commandement suprême de l'armée (« OHL ») et voyant que la guerre était perdue, demandèrent qu'un gouvernement civil soit constitué. La constitution de 1871 est amendée vers une démocratie parlementaire en octobre 1918, ce qui avait été refusé depuis plus de 50 ans avec le précédent Empire. Une insurrection, d'abord locale puis généralisée aux bassins industriels, éclate lorsque pendant les négociations de paix avec l'Entente, une entreprise folle commandée par l'Etat-major d'armée allemande tente de faire une dernière sortie de sa flotte navale. Des marins se mutinent et sont suivis par des soldats et des ouvriers. Avec le modèle russe, des soviet « conseils d'ouvriers et de soldats » sont mis sur pied et prennent le pouvoir civil et militaire dans de nombreuses villes, faisant fuir Louis III de Bavière, dernier souverain d'Allemagne.

Les forces socialistes et de gauche se divisent sur la stratégie à adopter: les Sociaux-Démocrates Indépendants (U-SPD) veulent instaurer immédiatement une République Socialiste profitant de l'élan révolutionnaire à l'est avec la Russie soviètique de 1917 pour établir une tête de pont en Europe de l'ouest, alors que les Sociaux-Démocrates Majoritaires (M-SPD) veulent instaurer une démocratie parlementaire comptant sur la patience, l'éducation et la formation des masses pour basculer petit à petit vers le socialisme, par étapes et à coup de réformes. La République, avec système de démocratie parlementaire est instaurée le 9 novembre 1918. Le SPD devient majoritaire au Congrès des conseils d'ouvriers et de soldats du Reich.

Afin de s'assurer la stabilité de la fragile jeune République, les chefs sociaux-démocrates pactisent avec l'armée (dont les idées sont conservatrices, notamment chez les officiers) en stipulant que l'armée ne serait pas réformée si celle-ci tenait son rôle de protéger le gouvernement et la République.

 

La rupture entre sociaux-démocrates et l'aile gauche devient définitive. La Parti Communiste Allemand (KPD) se crée en décembre 1918 et le Parti Communiste des Ouvriers Allemand (KAPD) en 1920. En novembre 1918, janvier et mai 1919 des tentatives insurrectionnelles menés par la gauche (« spartakistes ») pour établir une République Socialiste sont réprimés dans le sang, Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht sont assassinés par des Freikorps (milices formées par le commandement militaire) . Les sociaux-démocrates du SPD deviennent les grands gagnants de ces affrontements et rivalités et s'imposent au cœur de la République de Weimar en 1919.

 

En 1920, après les affrontements entre rivaux de gauche, l'ultra-droite sort les armes. Les officiers et généraux conservateurs, issus des grandes familles de l'ex-Empire décident de passer à l'acte. Un coup d'Etat anti-républicain est tenté par Wolfgang Kapp fondateur du « Parti Allemand de la Patrie » et soutenu par des généraux avec leurs troupes et les Freikorps. Ils marchent sur Berlin et le gouvernement est contraint de se replier à Stuttgart. Le nouveau gouvernement provisoire de Kapp est confronté à une grève générale déclenchée par les syndicats et les partis de gauche (parti communiste, parti socialiste et parti social-démocrate) qui bloque toute l'économie du pays et toute l'administration par la grève des fonctionnaires berlinois. Dans la Rhur, une « Armée Rouge » est crée avec près de 50.000 hommes prêts à en découdre avec la droite impériale, des combats s'engagent. Kapp est d'abord contraint de fuir vers la Suède avant de revenir en Allemagne pour être y être jugé, il décèdera avant son procès.

En 1922, l'extrême droite poursuit ses tentatives de renverser la République en commétant des centaines d'attentats.

 

C'est donc dans ce climat tendu d'attaques réactionnaires de la droite et de l'extrême droite refusant d'accepter l'armistice de 1918 et la République, de guerre civile et de rivalités suite à un changement de régime, de tentatives de coups d'Etats par des formations politiques paramilitaires, que la gauche politique et syndicale crée d'abord des groupements d'auto-défense puis ne suffisants pas, créèrent en 1924 des groupes paramilitaires. Le Parti Social-Démocrate, avec les syndicats et clubs sportifs ouvriers sous son influence crée la Reichsbanner le 24 février 1924 avec l'accord de la coalition de Weimar (regroupant socialistes/démocrates-chrétiens/républicains). Le Parti Communiste et ses organisations ouvrières quant à lui lance le RFB en juillet 1924. La gauche Allemande venait de déclencher un nouveau style politique d'apparence, alignée sur la stratégie subversive et militarisée de l'adversaire.

 

Le Poing levé, le symbole en expansion

 

Militairement organisées, défilant en formations uniformées avec drapeaux et fanfares la Reichsbanner, et le Roter Frontkampferbund dont le cri est « Rot Front ! » rencontrèrent un franc succès. Le RFB se concevait bien moins comme une organisation d'auto-défense militarisée que comme le futur noyau de l'armée rouge allemande et lors du passage à la ligne « Classe contre Classe » de la III° Internationale en 1927-1928, le RFB rentre activement dans des combats notamment contre la police. Suite au « Mai sanglant » de 1929 qui fit 30 morts, le RFB est interdit et continue son activité illégalement. Le RFB ne cesse de devenir plus populaire par rapport à la social-démocratie, le poing levé commence à se répandre. Des clichés montrent en 1927, « Les Amis des enfants » de Braunschweig (organe jeunesse social-démocrate) faisant sur un cliché le salut poing levé, et en 1929 au congrès de Magdeburg les jeunes socialistes en uniformes lèvent le poing. En 1931, la Reichsbanner et la centrale syndicale ADGB créent une nouvelle organisation de défense antifasciste: « Eiserne Front » (« Front d'Airain » ou « Front de Fer ») dont les symboles sont les trois flèches et bras tendu avec poing fermé et un cri « Freiheit ». Le salut social-démocrate, proche de celui des communistes, deviendra en peu de temps le mêmes car ils se confondront lors de meetings et rassemblements, doublant donc la popularité du symbole à gauche où désormais socialistes, communistes, syndicalistes et quelques libertaires font dorénavant le salut du poing levé. Le poing levé chez les socialistes devient avec Serge Tchakhotine (fondateur des trois flèches) l'incarnation de la propagande scientifique au service du socialisme.

 

 

Le poing levé dépasse les frontières et devient un rite de masse

 

L'Autriche qui partage avec l'Allemagne de Weimar son contexte agité, est le premier pays où le poing levé est importé dans les formations socialistes et communistes. Le geste est apparu en France en mai 1926 lorsque la présence de membres du Roter FrontkampferBund assistent à la démonstration des Groupes de Défenses Antifascistes (GDA). Cependant le poing levé commencera vraiment à se faire remarquer en France qu'à partir de 1930 chez les communistes. Chez les socialistes il faut attendre 1933 avec l'utilisation du geste par les jeunesses socialistes, notamment les Faucons Rouges et jeunes gardes du Pas-de-Calais.

Mais le geste du poing levé n'est pas brandit dans un même contexte en France. Il faut bien percevoir la différence de mentalité à cause des contextes d'époques entre allemands/autrichiens et français. Les premiers ont perdu la première guerre mondiale et la société allemande a du mal à se démobiliser, la culture de guerre reste prégnante depuis l'Empire. Le poing levé avec tout l'attirail paramilitaire est alors le reflet de la volonté d'en découdre, l'héritage de la guerre perdue et sa continuité dans la société civile entre formations politiques.

Alors qu'en France, pays vainqueur qui est sorti de son contexte de guerre, les formations politiques qui ont fait « l'Union Sacrée » à part les communistes, les syndicalistes révolutionnaires et les libertaires (ouvertement opposés à la guerre), le poing levé se débarrasse du rituel dont il était imprégné en Allemagne, il devient simplement un geste de lutte contre le fascisme et de soutien aux camarades allemands, pas un rituel destiné à solliciter l'émotion populaire et le sentiment guerrier.

 

 

Le poing levé en France prend un tournant décisif en février 1934. Jusque là il était le symbole de compassion internationaliste pour les camarades allemands et autrichiens dans leurs luttes face au nazisme, mais les émeutes des ligues fascistes changent la donne. La gauche prend conscience qu'un danger tapis dans l'ombre menace, l'extrême droite s'est relevée aguerrie par le conflit mondial et a réussi un développement assez étonnant. Le 18 février, L’Humanité, rendant compte des obsèques au Père Lachaise des militants tués les 6, 9 et 12 février, écrit : « Du quai de la Rapée au Père Lachaise, la rue a été un champ continu de poings levés. Jamais le geste de front rouge, symbole de la lutte antifasciste, le geste du parti, n’avait été fait aussi longtemps et avec tant d’enthousiasme en France ». Le poing levé se propage à grande vitesse. On lève le poing dans la rue, des passants répondent, des habitants à leurs balcons font le geste pour saluer les cortèges de gauche et syndicaux qui passent devant chez eux.. Le symbole devient signe de reconnaissance mutuelle. Le PCF, la SFIO et les syndicats prennent au sérieux le contexte de Weimar et constituent des organisations d'autodéfense antifasciste. La fédération de la Seine de la SFIO avec à sa tête Marceau Pivert (tendance Gauche Révolutionnaire) crée les TPPS dont le symbole sera les trois flèches mêlées au poing levé.

 

En Espagne, le poing levé se fait remarquer pendant la campagne et la victoire en 1936 de Frente Popular, alors qu'il était absent lors de la proclamation de la République en 1931. L'élan révolutionnaire qui met en échec le putsch militaire (pendant un temps) de Franco popularise immédiatement le geste.

 

 

En 1936, défilés et manifestations en France transforment le rite militant en rite de masse. Dans la lignée de ce que voulait Tchakhotine, l'effet du poing levé déclenche enthousiasme et résolution, il devient facteur de connexion entre les gens, la prise de conscience que l'on est pas seul, la force du nombre et des soutiens.. Il devient une tradition accompagnant tout moments de partages collectifs: les commémorations des camarades morts, les fêtes, les manifs, les occupations d'usines, les chants... Le poing levé est devenu le symbole fixe d'une civilisation socialiste internationale.

 

A lire:

- Le « poing levé », du rite soldatique au rite de masse. Jalons pour l’histoire d’un rite politique, de Gilles Vergnon.

- Poings levés et bras tendus, la contagion des symboles au temps du Front Populaire, de Phillipe Burin

Le poing levé, un symbole antifasciste et guerrier
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